Clubhouse, le nouveau réseau social tendance à suivre de près

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C’est le nouveau réseau social dont tout le monde parle : Clubhouse ! Centré sur des échanges vocaux en direct, sans vidéo, image ni texte et uniquement sur invitation et sur iPhone, comment s’utilise ce réseau « select », et en quoi est-il différent/complémentaire des autres réseaux sociaux que nous connaissons bien ? 😊


Clubhouse c’est quoi ?

Lancée en mars 2020 pendant la crise sanitaire, l’application Clubhouse comptabilise aujourd’hui plus de 8,1 millions de téléchargements. Ce réseau social créé en Californie par Paul Davison et Rohan Seth, deux Américains bien connus de la Silicon Valley, se définit comme un espace de conversations audios dont l’expérience repose sur l’audio et rien que l’audio 📢 Les co-fondateurs qualifient Clubhouse comme « un endroit pour rencontrer des amis et de nouvelles personnes du monde entier – pour raconter des histoires, poser des questions, débattre, apprendre et avoir des conversations impromptues sur des milliers de sujets différents ».

Le principe : les utilisateurs peuvent rejoindre des conférences en live (appelées ici « salles » ou « rooms ») pouvant regrouper jusqu’à 5 000 personnes, et écouter ce qui s’y dit. Pour prendre la parole, il vous suffit d’utiliser la fonctionnalité « lever la main » et d’attendre que l’administrateur vous fasse « monter sur scène ». Il n’est en revanche pas possible d’enregistrer les discussions, tout est dans l’immédiateté et l’intimité. Ainsi, à la différence d’un podcast, si vous voulez suivre une room en particulier, vous devrez vous connecter au moment précis où celle-ci est en ligne. Vous n’avez donc pas la possibilité de programmer son écoute à un moment plus opportun dans votre journée.

Vous pouvez également lancer votre propre conférence sur le(s) thème(s) de votre choix, choisir vos intervenants et gérer votre audience. Les sujets abordés dans les différentes chat rooms de Clubhouse sont divers et variés : économie, entrepreneuriat, développement personnel, politique, sport, divertissement, etc. Il y en a pour tous les goûts ! Cette application plaît, et a déjà séduit de nombreuses personnalités comme Mark Zuckerberg, Xavier Niel, Oprah Winfrey, Ashton Kutcher ou encore Jamel Debbouze.

room-clubhouseLe gros point fort de ces émissions interactives, qui viennent s’ajouter aux articles de blog et aux podcasts, est qu’il est possible d’interagir avec les personnes qui écoutent. Cela permet d’enrichir la prise de parole, tant au niveau du créateur de contenu que des auditeurs. On pourrait, par exemple, comparer Clubhouse à une plateforme regroupant plein de radios-libres où il est possible à chacun de prendre la parole (si les modérateurs le permettent).

On le sent, vous êtes très curieux de découvrir Clubhouse, et pourtant, pour pouvoir accéder à l’application vous devrez au préalable posséder un iPhone et recevoir une invitation de la part d’un utilisateur existant qui vous permettra d’intégrer la plateforme et de faire partie de la communauté. L’application joue ainsi sur le côté « hype », en créant de la désirabilité car tout le monde veut y être ! Outre lui donner un aspect VIP, cette particularité permet, pour le moment, à Clubhouse de limiter son accès, le réseau social étant toujours actuellement en phase de développement.

Bien que l’application se qualifie comme étant un lieu d’échange, tous sujets confondus, il semblerait que pour le moment, elle soit essentiellement un moyen pour les startuppers de se connecter les uns aux autres afin de réseauter. L’entre-soi est ici vivement critiqué, et certains comparent même ce réseau à un LinkedIn vocal, plutôt tourné BtoB. Cela tend à changer étant donné que de plus en plus de personnes ont reçu des invitations, hors acteurs de la tech, et que les Français vont de plus en plus se familiariser avec ce nouvel outil.

Enfin, la question qui se pose naturellement, notamment suite à l’affaire Facebook, concerne la gestion des données personnelles de ses utilisateurs et la protection de leur vie privée. Et bien, il se trouve que certaines failles de sécurité ont déjà été pointées du doigt et que des hackers commencent à s’en donner à cœur joie. Il y a quelques jours, un utilisateur a par exemple été en mesure de diffuser les discussions de plusieurs salles sur un site internet, ou encore, il serait apparemment possible d’écouter les vocaux faits par les utilisateurs en dehors de la plateforme.

C’est pourquoi, comme toujours, la prudence est de mise, et les experts en cyber sécurité mettent en garde les utilisateurs qui doivent partir du principe que toutes les conversations sont enregistrées.

Avec le succès et une ouverture progressive au plus grand nombre, une autre problématique émerge : celle de la modération des contenus. En effet, il est important de souligner les dérives qui peuvent découler de ce qui fait le succès de cette application : l’oralité. Qui dit oral, dit liberté, instantanéité, soit impossibilité de contrôler ce qui peut être dit. Il est donc primordial pour les administrateurs de modérer et réguler les personnes qui peuvent intervenir dans les discussions afin d’éviter tous propos haineux, racistes ou encore misogynes.

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Le vocal, l’avenir des réseaux sociaux ?

Comme nous avons pu le voir lors de notre étude sur l’utilisation des réseaux sociaux pendant le confinement, la crise sanitaire de la covid-19 a fortement influencé l’utilisation que nous faisons des réseaux sociaux et a permis à bon nombre d’entre eux de s’imposer comme supports de communication privilégiés. En effet, depuis un an, le besoin général de faire face à la distanciation sociale a notamment permis à des applications vidéo et de visioconférence telles que WhatsApp, Tiktok ou encore Zoom de prospérer.

C’est ce besoin de (re)créer du lien qui a notamment permis à Clubhouse d’apparaître sur le devant de la scène, de par son format différenciant : les utilisateurs, isolés chez eux, y retrouvent un véritable lieu d’échange chaleureux. Ici tout se joue sur la voix, et seulement la voix. Clubhouse surfe ainsi sur ce mode de communication popularisé par les podcasts (dont nous vous parlions ici ), les services de messageries et les applications, via lesquels de nombreux utilisateurs s’échangent des messages vocaux. D’autre part, l’un des gros avantages de ce réseau est son côté immersif. C’est bien connu, il est possible de faire passer beaucoup d’émotions tout en capturant l’attention de l’auditeur au travers la voix, l’inflexion ou l’intonation. Cela permet de créer et renforcer la relation de proximité avec son audience.

Face au dictat de l’apparence qui prône sur la majorité des réseaux sociaux, ici, nul besoin d’être bien coiffé.e, habillé.e ou encore maquillé.e pour pouvoir intervenir. Par ailleurs, tout comme les podcasts ou la radio, vous pouvez consommer ce réseau quoi que vous fassiez : dans les transports, en marchant, en cuisinant, etc. Ce qui en fait un attrait très attirant pour certains.

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Et côté influenceurs ?

Il n’y a pas d’influence sur Clubhouse, on y trouve des créateurs de contenu et leaders d’opinion. Pourquoi cette nuance ? Car la prise de parole à ce jour n’est pas grand public, mais bel et bien encore de niche et professionnelle. Influencer est une des actions d’un Talent, ici il n’est pas dans cette posture mais bien présent en tant que personnalité, chef d’entreprise, indépendant, marque, média à part entière. Tout cela à la fois. De plus en plus nombreux sur la plateforme, ils animent ou interviennent dans des rooms liées à leur métier de création de contenu, branding, photo/vidéo, tendances, outils, mais se font aussi une voix d’entrepreneur. Interactions professionnelles, réseau mais aussi manifeste des bonnes ou mauvaises pratiques dans un secteur, Clubhouse permet une parole publique, libre et décomplexée en dehors des réseaux traditionnels qui sont parties prenantes. Parler d’Instagram ou de Youtube sur Clubhouse, c’est aussi un espace neutre qui permet d’échanger entre différents acteurs tout secteur, médias, enjeux, tailles de communautés confondues (on remet les compteurs à zéro). Cet espace encore protégé permet de libérer la parole et de parler entre acteurs de tout un écosystème avec différentes volontés : l’expliquer, le faire évoluer, resauter. Nous sommes encore sur le seul réseau digital qui n’a pas été saisi par les marques et la publicité (même si l’auto-promo est présente), elles qui y cherchent en ce moment même leur place. Les créateurs de contenu ont donc tout intérêt à y être présent, et les marques à se positionner pour retravailler ce lien humain et direct, qui a été mis à mal par la Covid 19. La création de contenu B2C quant à elle n’est pas à l’ordre du jour au moment où nous écrivons ces lignes. L’accès encore confidentiel à l’application ne pourra être déverrouillé que si ces leaders d’opinion prennent la parole pour en ouvrir les portes. Mais qui prendra la parole virtuelle pour inviter sa communauté à demander un accès (des milliers de MP à prévoir pour gérer des nouveaux inscrits) et le suivre sur un nouveau support où l’on parle sans filtre (Instagram), sans création, sans image, sans replay ? On est loin des mécaniques de consommations social media grand public, mais on retrouve une horizontalité des échanges plus que bienvenue, en particulier dans notre secteur de la communication digitale, qui souffre d’une certaine uniformisation des contenus. La parole est à la défense (de son métier) et ce jeu de pitch entre professionnels est un menu à plusieurs plats qui, s’il est bien choisi, pourrait bien nourrir bien des acteurs dans leurs futures collaborations.

Avec des débuts plutôt timides, Clubhouse revendique aujourd’hui 3,6 millions d’utilisateurs à travers le monde, et serait valorisée à 1 milliard de dollars. Ces chiffres devraient gonfler rapidement sous l’impulsion des marchés européens qui se sont emparés de l’application depuis le début de l’année. L’application vocale a d’ailleurs tellement de succès, que Twitter a récemment lancé les Twitter Spaces (en version bêta), un espace dédié aux chats vocaux en groupe, et Facebook serait déjà en train de travailler sur la création de salons de conversations audio similaires.

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Pour conclure, nous sommes en mesure de nous questionner quant à la pérennité de cette application une fois le côté « mode » passé. Certaines particularités, qui en font aujourd’hui son succès, ne risquent-elles pas de lasser les utilisateurs et ainsi causer une perte d’intérêt ? Son côté trop élitiste, l‘impossibilité d’écouter en décaler ou de pouvoir réécouter les conversations, ou encore l’absence de réel modèle économique. A voir comment Clubhouse va réussir à tirer son épingle du jeu et à poursuivre sa croissance une fois que la pandémie sera passée (très bientôt, on l’espère !) face aux géants des réseaux sociaux, et comment l’application va pouvoir s’intégrer dans de futures stratégies de communication digitale, et notamment dans le Tourisme.

Et le Tourisme dans tout ça ?

Aux prémices de l’application, nous sommes en mesure de nous questionner quant à l’utilisation et à l’application de ce réseau social dans le domaine du Tourisme. Pour cela nous avons interrogé deux professionnels du tourisme, utilisateurs actifs de l’application.

L’avis de Tiphaine Neveu, Influence Manager chez Club Med et consultante Freelance

« Je vais avant tout sur Club House pour le B2B, pour nourrir mes réseaux, car énormément d’acteurs sont présents et j’y retrouve aussi des amis et collaborateurs. C’est à mon sens capital d’être présent sur ce type de plateforme dès le début pour savoir si l’on y va en tant que marque. J’aime le format côté oral : efficace, clair, simple d’usage, la voix est sans filtre, elle ne peut être déguisée. Ce qui m’a freiné au début, c’est le côté applicatif des USA qu’on a transmis en France, mais qui correspond moins avec notre approche du travail. Ce « mindest » à l’américaine, autour de la réussite professionnelle, du personal branding, de l’auto-promotion : montrer sa réussite et son positive mind pour inspirer les audiences. Ce qui peut passer pour du nombrilisme et de l’entre-soi peut pourtant être source d’inspiration et ouvrir de nouveaux sujets. Parler de son cas sans rester superficiel, voilà le véritable enjeu des prises de parole. J’ai compris au fil des semaines aussi que les Rooms qui m’étaient proposées était assez réductrices, il fallait aller les chercher, suivre le parcours des initiés puis faire son propre chemin pour aller plus loin. A mon sens, pour réussir sa room, il y a quelques bonnes pratiques à suivre :

Présenter finement un sujet, ne pas être opportuniste, amener en douceur son sujet, sa marque, son cas, modérer et storyteller les échanges. Utiliser l’application à juste mesure, comme un amplificateur de prise de parole, mais pas une fin en soi.

 Et l’avenir de Club house ? Il est B2B. J’y vois des conférences, du partage d’expériences, des marques qui sont incarnées par des ambassadeurs, influenceurs, fondateurs, un rendez-vous commun entre collaborateurs, ou même de l’incentive dans des rooms fermées ».

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L’avis de Laurent Baric – En création d’entreprise dans le tourisme

« Clubhouse est un nouveau moyen de communication captivant, entraînant et assez addictif. Nous avons tous des centres d’intérêts personnels ou professionnels que certaines rooms viennent titiller. Personnellement, je n’en fais pas un usage excessif mais pertinent, en fonction des mes besoins ou envies. Étant en création d’agence touristique réceptive, j’ai hâte de lancer mon projet pour devenir orateur et apporter ma pierre à l’édifice Clubhouse. Je suis persuadé que ce nouveau réseau va évoluer en ouvrant le panel des sujets abordés, en créant plus de relations.  Je pense que Clubhouse va prendre de l’importance et va muter. A voir quel sera son modèle économique et de quelle manière nous serons impactés».

L’avis de Florie Bodin – Directrice du Développement et du Pôle Influence chez Travel-Insight – Créatrice de Rooms hebdomadaires sur les tendances du marketing d’influence

« Ce n’est pas anodin si l’application fonctionne si bien : nous sommes en période de crise et l’une des caractéristiques (paradoxales) de notre secteur du digital et de la communication, c’est l’interaction avec les autres, l’humain, l’événementiel, le réseau qui nous lie. Nous avons besoin d’espaces pour nous retrouver et nourrir notre créativité. A l’heure où nos lieux de réseaux sont toujours fermés et où les français sont sous couvre-feu, un nouvel espace de vie commence après le bureau, un peu comme une radio libre (celle que les millenials et la génération Y ont bien connu). Si demain la France ouvre, qui saurait affirmer qu’il restera en virtuel pour échanger avec ses collaborateurs ou partenaires ?

Sur la forme, j’y vois malgré tout un avenir car le réseau se différentie de tous les autres. Comment filtrer ou déguiser une voix, à fortiori en live ? Cette authenticité (sur la forme encore une fois) rafraîchit des prises de paroles bien trop souvent uniformisées et déguisées. Le live est aussi un parti pris intéressant, sans filet, il prime à la fidélité des auditeurs et ne rend que plus précieux les échanges actifs qui y sont fait. Une prise de parole peut devenir événement, effet d’annonce, invités spéciaux, happenings, ou encore des conférences alternatives, les entreprises y trouveront leurs usages.

Et le développement du réseau B2B ? C’est le premier avantage du réseau, cet entre-soi bien souvent pointé du doigt est pourtant identifiable sur tous les réseaux, qui se sont élargis avec le temps. Nous sommes sans doute au début de quelque chose, si ce n’est pas d’un Club house grand public (par définition, un club est-il grand public ou cercle d’initiés ?), je dirais la revalorisation de l’oralité, le plébiscite du direct, de l’éphémère (le fameux Fomo – Fear of missing out) et la valorisation de la figure entrepreneuriale. La demande n’est pas si nouvelle finalement, mais elle a pris une nouvelle forme. A nous de la saisir pour en exploiter – avant les autres – tout son potentiel ».

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